Les Enfants du Mercredi

par COLLINS, Justin
Université du Maine, Orono
FRE 440
Final Paper
 

**********************************************

L'enfant du lundi est beau comme un dieu,
L'enfant du mardi est tout gracieux,
L'enfant du mercredi a du chagrin,
L'enfant du jeudi doit faire long chemin,
L'enfant du vendredi a l'âme pure,
L'enfant du samedi travaille bien dur,
Mais l'enfant du dimanche, comme tout le monde sait,
Est gentil et joyeux et bon et gai.

**********************************************
 

 L'Enfant du Mercredi, le titre du roman de Rhea Côté Robbins, décrit très bien la vie et les sentiments des franco-américains dès le début du 20ième siècle ou bien dès leur arrivée aux USA.  Canuck, le roman de Camille Lessard-Bissonnette, montre la vie d'une franco-canadienne descendue aux USA au tournant du siècle avec sa famille pour habiter un petit Canada à Lowell, Massachusetts et pour gagner leur pain aux moulins de la Nouvelle-Angleterre. L'Enfant du Mercredi est une autobiographie d'une franco-américaine élevée dans un petit Canada à Waterville, Maine pil au milieu d'un monde américain dans les années soixantes.  Cet enfant du mercredi a-t-il beaucoup changé pendant soixante-dix ans?  Après la deuxième guerre mondiale la vie des franco-américains a vite changé.  Les raisons sont variées ? le progrès technologique, les petits Canadas commencaient à se vider lors de l'exode vers les banlieux, et le progrès des medias qui rendait la presse franco-américaine inutile.  Cependant on voit dans l'évolution de la franco-canadienne Vic dans Canuck à la franco-américaine Rhea dans L'Enfant du Mercredi que les sentiments des franco-américains sont demeurés tels qu'ils étaient vers 1900 ? le vouloir de retourner à la ferme, l'importance de la famille, et la situation difficile de la langue.  Bien qu'il y ait de petits changements comme la nationalité (on est officiellement franco-américain après une generation), les franco-américains sont restés les enfants du mercredi entre le temps de Vic et la vie de Rhea. 
 Les franco-américains se sont mal placés.  Ils ont l'âme de fermier mais le destin les a rangés aux moulins de la Nouvelle-Angleterre.  C'était la recherche de l'argent et non pas le désir du coeur qui les a amenés aux USA.  Donc ils ont toujours la volonté de retrouver leur âme quelque part dans les terres.  Que ce soit la terre canadienne ou bien la terre américaine, peu importe la différence.  L'âme a échappé aux moulins et s'est installée à jamais dans la terre fertile.  Dans Canuck, l'histoire de la famille de Vic est comme tant d'autres: une famille arrivée à la Nouvelle-Angleterre afin de travailler pendant cinq ou six ans pour enfin retourner à la ferme au Canada avec de l'argent dans la poche.  Pourtant l'argent a tendance à supprimer la recherche de l'âme perdue et donc la plupart des familles se sont installées aux USA.  Bien que le père soit obsédé de gagner puis épargner de l'argent, la mort du fils infirme lui a fait retourner aux terres natales.  Vic est restée aux USA continuer de gagner assez d'argent pour envoyer au collège son frère Maurice mais enfin elle aussi est retournée à la ferme. 
Pour ceux qui sont restés travailller aux moulins, il leur reste toujours une lueur d'espoir de retrouver leur âme de fermier.  Même deux générations plus tard.  Le père de Rhea la cherchait.  Peut-être qu'il ne ressentait plus le désir d'être fermier au coeur mais c'était là au moins dans la mémoire.  De toute façon il a fait ce que ses parents n'ont pas pu faire ? il est retourné à la ferme et il y a retrouvé son âme de fermier. 
 Quoique les influences américaines se trouvent partout, la culture quotidienne des franco-américains n'a pas beaucoup changé en 70 ans.  La famille et le travail restent toujours au milieu de cette vie quotidienne.  Pour Vic et sa famille la journée tournait autour du travail aux moulins du tissage.  On se levait tôt et rentrait tard.  Tout le monde travaillait y compris le jeune fils de dix ans qui s'est fait passer pour un garcon de quinze.  Le seul jour de repos, c'était le dimanche quand ils allaient tous à l'église.  A là maison, qui était véritablement un appartement dans un tenement, c'était le père qui dominait, qui avait des droits sur toute la famille.  C'était le père qui les a faits venir aux USA et c'était lui qui les faisait tous travailler.  Pourtant c'était la mere qui maintenait l'unité de la famille.  C'était elle qui faisait la cuisine et le ménage même après avoir travaillé toute la journée comme son mari.  C'était elle qui avait éduqué les enfants.  C'était elle qui soutenait le mari <<grincheux, violent, emporté>>. C'est traditionnel que les membres de la  famille restent toujours très près l'un de l'autre mais ce n'était pas le cas pour Vic.  En ayant marre de la domination de son père, elle l'a quitté mais elle est restée proche des autres en les supporter avec de l'argent.  Malgré tout le malheur et toutes les difficultés, la famille s'aimait.  Toutefois, ce n'était que rentrée au Canada que la famille se trouvait réunie.  La vie aux USA l'a divisée.  Le chagrin de l'enfant du mercredi commence à l'arrivée ici-bas.  Voilà la situation difficile pour l'enfant né aux USA d'une famille franco.  Il est né dans le chagrin.  Il est né le mercredi. 
 Soixante ans plus tard, la culture quotidienne est toujours dirigée par le travail et l'importance de la famille.  Le travail pour les francos était de même.  Le papa de Rhea à travaillé dans une usine de papier et la maman à un moulin de laine puis à la factorie Hathaway.  <<Ça travaillait forte c'monde là>>.  Ça ne changera jamais ? les franco-américains travailleront toujours ainsi.  C'est dans leur sang, leur sang qui coule de la fierté d'être franco.  Ce sang coule dans chacun dans la famille.  C'est pour ça que les franco-américains ont tant du mal à voir les enfants les quitter de nos jours.  Ils ont toujours eu l'habitude de rester ensemble quand ils étaient fermiers.  Maintenant, tout a changé sauf le sang qui coulera franco jusqu'à la mort.  La famille de Rhea est restée ensemble; même le pépère et la mémère n'étaient pas loin.  Pour elle, sa famille c'est la raison d'être.  Son père était dur mais non pas à l'extrême comme celui de Vic.  Chez-lui et au travail, il était le Renard ? très rusé mais pour du bon.  La maman était très gentille ? on n'en recontrera jamais une autre qui l'est autant.  Comme la mere de Vic, celle de Rhea était unificatrice.  Elle avait du courage et elle était forte.  C'était elle la stabilité pour les enfants et le père.  Stabilisés, ils vivaient l'un pour l'autre.  Comme ça personne ne tomberait jamais dans le piège de la désespérance qui peut être un fléau aux villes et aux petits Canadas.  Sa famille, c'est la raison pour laquelle Rhea est Rhea et elle est contente de l'être. 
 De tout autre chose, ce qui rend les franco-américains vraiment chagrin (ce qui est à la base de la plupart de leur chagrin), c'est la différence des langues parlées.  Ça se voit dans le titre Canuck aussi bien que dans l'adolescence de Rhea ? sa lutte contre son identité franco-américaine et son grand désir de parler et d'agir comme <<une vraie améritchaine>>.   Pour Vic dans Canuck ce n'était pas seulement sa langue mais le fait qu'elle était la nouvelle arrivée au petit Canada qui a évoqué les cris de <<CANUCK!>>.  En effet, au tournant du siècle dans les petits Canadas, tout le monde parlait français et très peu d'anglais.  Donc, Vic a été ridiculée par ses soeurs franco-canadiennes.  Les petits Canadas vivaient à côté du reste du monde.  Le français a été acceptable.  Ils étaient tous dans la même situation ? celle de trouver un boulot puis trouver sa place au petit Canada.  Il ne fallait pas s'inquiéter de leur langue tandis qi'ils cherchaient à se nourrir, à se vêtir, et à s'installer.  Le chagrin et l'inquiétude commencent avec la prochaine génération et passent ensuite aux suivantes.  Celles qui s'étaient déjà installées.  Pour Rhea la plaie d'être franco entourée des américains ne cessait jamais de lui faire du mal pendant son adolescence.  Les enfants se sont moqués d'elle ? sa langue, sa façon de dire <<Thoo-turty-tree Water Street>> et <<mudder and fadder>>.  Donc, en cachette elle s'est donné à pratiquer un nouvel accent ? celui de Boston.  Elle a prononcé en mordant les mots, <<Two-Thirty-Three Water Street with my mother and father>>.  Elle est devenue <<l'améritchaine>> qu'elle avait voulu être.  Elle s'est changé d'une franco-américaine en améritchaine.  De se refaire la culture, la langue, l'accent, le caractère, c'est du travail dur.  C'est snob.  Voilà la situation à laquelle les francos ont dû faire face.  L'adolescence c'est déjà assez difficile.  D'y ajouter une différence de langue, ça fait du chagrin. 
 C'est difficile pour une culture de changer ? surtout celle des francos.  Elle a été toujours une culture de résistance et de la lutte ? la revanche du berceau, <<Qui perd sa foi, perd sa langue>>, <<Je me souviens>>.  Ça ne marche pas très bien aux USA, là où il faut plutôt s'assimiler.  Les sentiments, ça ne change pas non plus.  Le sang des franco-américains coulera toujours plus franco qu'américain.  Le désir de retourner à la ferme sera toujours là mais il se cache de plus en plus profond dans le coeur et les mémoires s'oublient au fur et à mésure que les nouvelles générations arrivent.  La famille demeurera toujours de suprême importance.  Les familles franco-américaines ont déjà beaucoup subi et ils s'en sont bien tirés grâce à leur unité.  Elles s'en tireront encore.  La langue, ça reste une question sans réponse.  Est-ce qu'on va continuer à parler français chez les francos?  Le chemin actuel qu'ils suivent dirait que non.  D'abord il faut que les franco-américains se réconcilient avec leur langue et leur culture.  Rhea, elle a fait la paix avec la laideur de sa culture.  Elle est contente.  D'où elle vient, c'est là où elle veut être.  Un petit Canada.  Qui elle est, c'est qui elle veut être.  Un enfant du mercredi.  Une franco-américaine. 

Back to Wednesday's Child